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In the Skin of a Beast: Sovereignty and Animality in Medieval France. By Peggy McCracken

In the Skin of a Beast: Sovereignty and Animality in Medieval France. By Peggy McCracken Dans ce livre, Peggy McCracken poursuit une réflexion engagée dans plusieurs de ses articles récents portant sur la manière dont la littérature médiévale met en scène les rapports entre hommes et animaux. Elle place la souveraineté au centre de son étude, avec pour objectif de montrer comment le dogme de la supériorité de l’homme sur l’animal invite à penser l’exercice du pouvoir à la lumière des représentations du monde animal. Pour McCracken, les textes littéraires français de la période médiévale fournissent les moyens d’interroger les formes que prend la domination des hommes les uns sur les autres ainsi que sur les animaux, mais offrent aussi les moyens d’aborder de manière critique les justifications théologiques et politiques de cette domination. L’enquête de l’auteure ne s’appuie pas seulement sur la signification symbolique des animaux, mais prend aussi en compte leur vie réelle, en tant qu’ils sont pris dans cette vision du monde hiérarchisée. Les traductions françaises de la Bible, Le Jeu d’Adam, les bestiaires et les fables fournissent un riche matériel à la réflexion, mais aussi le Conte du papegau, le Chevalier au lion de Chrétien de Troyes, le Roman de Mélusine, Guillaume de Palerme, le Chevalier au cygne et Tristan de Nanteuil. Les cinq chapitres du livre envisagent successivement la manière dont se figure la souveraineté en faisant usage du corps et plus précisément de la peau des animaux (d’où le titre de l’ouvrage), notamment par le moyen du port de fourrures; les récits de domestication du loup, le prédateur par excellence, qui élaborent une réflexion sur les bienfaits, mais aussi les limites de la soumission et interrogent la dimension contractuelle et affective de la relation féodale; la figuration de la souveraineté par le recours au symbolisme animal; les différentes formes narratives du motif de la femme-serpent, dans le récit de la Genèse et dans le Roman de Mélusine, qui dessinent les contours du rapport de la féminité à la souveraineté, mais travaillent aussi à la disqualification de ce lien; enfin la trajectoire d’un homme sauvage, dans le Tristan de Nanteuil, qui permet d’appréhender une élaboration complexe de la généalogie, illustrée notamment par le nourrissage d’enfants humains par des animaux. Les animal studies dans le sillage desquelles s’inscrit ce livre stimulant et très bien informé, s’appuient sur les travaux de Jacques Derrida, de Michel Foucault, de Judith Butler, de Giorgio Agamben ainsi que de Cary Wolfe, que McCracken sollicite toujours à très bon escient. Son maniement très sûr de la notion foucaldienne de biopolitique lui permet de démontrer que l’intrication du biologique et du politique est à l’œuvre, en amont de la modernité, dans les relations de subordination tant physique que symbolique du monde animal qu’impliquent les représentations médiévales de la souveraineté. Les différentes analyses mettent l’accent sur la dimension affective qui gouverne cet imaginaire foisonnant. Les rencontres des humains avec des animaux non humains inscrivent la négociation, la reconnaissance, l’alliance ou la résistance au cœur de l’exercice de la souveraineté. © The Author(s) 2018. Published by Oxford University Press on behalf of the Society for French Studies. All rights reserved. For permissions, please email: journals.permissions@oup.com This article is published and distributed under the terms of the Oxford University Press, Standard Journals Publication Model (https://academic.oup.com/journals/pages/about_us/legal/notices) http://www.deepdyve.com/assets/images/DeepDyve-Logo-lg.png French Studies Oxford University Press

In the Skin of a Beast: Sovereignty and Animality in Medieval France. By Peggy McCracken

French Studies , Volume 72 (3) – Jul 1, 2018

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Publisher
Oxford University Press
Copyright
© The Author(s) 2018. Published by Oxford University Press on behalf of the Society for French Studies. All rights reserved. For permissions, please email: journals.permissions@oup.com
ISSN
0016-1128
eISSN
1468-2931
DOI
10.1093/fs/kny108
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Abstract

Dans ce livre, Peggy McCracken poursuit une réflexion engagée dans plusieurs de ses articles récents portant sur la manière dont la littérature médiévale met en scène les rapports entre hommes et animaux. Elle place la souveraineté au centre de son étude, avec pour objectif de montrer comment le dogme de la supériorité de l’homme sur l’animal invite à penser l’exercice du pouvoir à la lumière des représentations du monde animal. Pour McCracken, les textes littéraires français de la période médiévale fournissent les moyens d’interroger les formes que prend la domination des hommes les uns sur les autres ainsi que sur les animaux, mais offrent aussi les moyens d’aborder de manière critique les justifications théologiques et politiques de cette domination. L’enquête de l’auteure ne s’appuie pas seulement sur la signification symbolique des animaux, mais prend aussi en compte leur vie réelle, en tant qu’ils sont pris dans cette vision du monde hiérarchisée. Les traductions françaises de la Bible, Le Jeu d’Adam, les bestiaires et les fables fournissent un riche matériel à la réflexion, mais aussi le Conte du papegau, le Chevalier au lion de Chrétien de Troyes, le Roman de Mélusine, Guillaume de Palerme, le Chevalier au cygne et Tristan de Nanteuil. Les cinq chapitres du livre envisagent successivement la manière dont se figure la souveraineté en faisant usage du corps et plus précisément de la peau des animaux (d’où le titre de l’ouvrage), notamment par le moyen du port de fourrures; les récits de domestication du loup, le prédateur par excellence, qui élaborent une réflexion sur les bienfaits, mais aussi les limites de la soumission et interrogent la dimension contractuelle et affective de la relation féodale; la figuration de la souveraineté par le recours au symbolisme animal; les différentes formes narratives du motif de la femme-serpent, dans le récit de la Genèse et dans le Roman de Mélusine, qui dessinent les contours du rapport de la féminité à la souveraineté, mais travaillent aussi à la disqualification de ce lien; enfin la trajectoire d’un homme sauvage, dans le Tristan de Nanteuil, qui permet d’appréhender une élaboration complexe de la généalogie, illustrée notamment par le nourrissage d’enfants humains par des animaux. Les animal studies dans le sillage desquelles s’inscrit ce livre stimulant et très bien informé, s’appuient sur les travaux de Jacques Derrida, de Michel Foucault, de Judith Butler, de Giorgio Agamben ainsi que de Cary Wolfe, que McCracken sollicite toujours à très bon escient. Son maniement très sûr de la notion foucaldienne de biopolitique lui permet de démontrer que l’intrication du biologique et du politique est à l’œuvre, en amont de la modernité, dans les relations de subordination tant physique que symbolique du monde animal qu’impliquent les représentations médiévales de la souveraineté. Les différentes analyses mettent l’accent sur la dimension affective qui gouverne cet imaginaire foisonnant. Les rencontres des humains avec des animaux non humains inscrivent la négociation, la reconnaissance, l’alliance ou la résistance au cœur de l’exercice de la souveraineté. © The Author(s) 2018. Published by Oxford University Press on behalf of the Society for French Studies. All rights reserved. For permissions, please email: journals.permissions@oup.com This article is published and distributed under the terms of the Oxford University Press, Standard Journals Publication Model (https://academic.oup.com/journals/pages/about_us/legal/notices)

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French StudiesOxford University Press

Published: Jul 1, 2018

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