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Basil Lourie St. Petersbourg S. ALYPIUS STYLITE, S. MARC DE THARMAQA ET LíORIGINE DES MALKT ETHIOPIENNES Les pièces poétiques appelées malk («effigie») appartiennent à un genre extrêmement populaire en Éthiopie; elles étaient une composante sine qua non des cultes des saints, de la Vierge ou même du Christ et de la Trinité. On y bénit chaque partie du corps humain d’un saint (ou bien du «corps» symbolique d’un être incorporel) par une louange spécifique à cette partie. L’origine de ce genre de l’hymnographie hagiographique n’apparaît pas avoir été l’objet de quelque recherche que ce soit. Les éthiopisants étaient tou- jours inclinés à le considérer comme une invention propre à la tradition éthio- pienne, sauf l’unique exception récente de Kirsten Pedersen qui a indiqué un parallèle dans l’hymnographie latine catholique tardive (Revelationes Sanc- tae Birgittae, éditées à Anvers en 1611 ), ce qui pourrait être l’indice d’une origine latine des malk . Pourtant, on ne saurait adhérer avec enthousiasme à cette hypothèse: on aurait préféré, en tant que possible source étrangère des malk , une tradition hymnographique bien établie dans son milieu d’ori- gine, en aucun cas une tradition marginale comme c’est le cas des Revela- tiones Sanctae Birgittae dans l’hymnographie catholique. D’ailleurs, le second genre très populaire de l’hymnographie hagiogra- phique éthiopienne, les salm, qui va toujours de pair avec les malk , trouve ses origines dans un genre hymnographique byzantin très respectable, celui de chairetismoi (d’où proviennent, dès le VI siècle, les célèbres kondakia). A priori, on serait en droit d’espérer une origine de même ordre d’importance pour les malk ... Cet article est basé sur une conférence donnée à Hamburg en 2003, dans le th cadre de la 15 International Conference of Ethiopian Studies, où nous avons partici- pé avec le regretté Sevir Chernetsov, mon maître et ami. Ce voyage en Allemagne est devenu pour lui le dernier. V. A. DILLMANN, Lexicon linguae Aethiopicae, Lipsiae 1865 [repr. New York 1955], col. 51a; W. LESLAU, Comparative Dictionary of Geez (Classical Ethio- pic), Wiesbaden 1991, 313; KIDANÄ WÄLD KFLE, amätä mrät [1955/56 A.D.], 266. M. CHAÎNE, «Répertoire des salam et malke’e contenues dans les manuscrits éthiopiens des bibliothèques d’Europe», ROC 18 (1913), 183–203, 337–357. K. STOFFREGEN-PEDERSEN,«The M lke: An Ethiopian Prayer Form with Latin Origin?», dans: Taddese Beyene (ed.), Proceedings of the Eighth International Con- B. Lourie 1. Les ´proto-malk ª dans líeloge byzantin de S. Alypius Stylite Nous avons effectivement une sorte des «malk » byzantines dans un dos- sier hagiographique du VIe siècle, représentant un culte très important pour la société byzantine de l’époque. C’est une Vie de S. Alypius Stylite par An- toine de Sainte-Sophie, un officier de la Cathédrale de Constantinople (BHG 66d). Après avoir mentionné les pieds du stylite (naturellement, des mem- bres les plus principaux pour la personne dont le devoir est de demeurer de- bout), l’auteur adresse des louanges éloquentes aux mains du saint, puis à ses yeux, pour conclure par la sentence suivante: «Je pense donc si quelqu’un représente par la parole les membres humains, c’est-à-dire tête ou mains ou pieds, dont chacun membre agit exactement d’une manière propre... selon la règle de la piété... il verrait, lorsqu’il voudra voir la totalité du corps muni de l’âme, personne que le grand Alypius...». Malgré une rareté évidente des pareilles pièces dans les œuvres hagiogra- phiques byzantines subsistantes, nous sommes en présence d’un style quasi officiel de la capitale du VI siècle — donc, de l’époque des contacts les plus intensifs entre Constantinople et Aksoum. En ce qui concerne la rareté de ces «proto-malk » byzantines, elle peut fort bien s’expliquer par la rareté géné- rale des éloges aux saints du VIe siècle qui sont parvenues jusqu’à nous. Quoiqu’il en soit, il ne s’agit nullement d’une tradition marginale (con- trairement aux Revelationes Sanctae Birgittae au-dedans de la tradition ca- tholique) et, fait encore plus important, c’est à cette époque qu’on modela la vie religieuse d’Aksoum d’après les cultes de Constantinople. Cela suffit pour une hypothèse de travail, à savoir, celle de l’origine cons- tantinopolitaine des malk éthiopiennes, apparues, selon nous, à l’époque des liens étroits entre les cultes officiels des deux capitales, Constantinople et Aksoum. Désormais, il ne reste que de trouver des sources communes à l’hagiogra- phie byzantine et à l’hagiographie éthiopienne, contenant des pièces qu’on peut définir comme des «proto-malk ». ference of Ethiopian Studies. University of Addis Ababa [26–30 November 1984]. Vol. 2 (Addis Ababa, 1989), 547–560. F. HALKIN, «Éloge historique de saint Alypius par Antoine de Sainte-Sophie (BHG 66d)», dans: IDEM, Inédits byzantins d’Ochrida, Candie et Moscou (Bruxelles, 1963) (Subsidia hagiographica, 38), 167–210. HALKIN, «Éloge historique», 201–202. Cf. !"#$%&'' '#(# $''!)* +,-.,+///.0123+/2 Scrinium I (2005). Varia Aethiopica Il se trouve qu’une telle source existe. C’est un dossier hagiographique de S. Marc de Tharmaqa, ou, d’après son nom grec, «de Thrace», personnage aussi important qu’énigmatique de l’histoire du monachisme éthiopien. Nous y voyons les mêmes «proto-malk »: une louange angélique s’y adres- se, consécutivement, à l’âme, au corps, aux yeux, à l’oreille (sic! au singulier, pour des raisons inconnues), aux mains, aux narines, aux pieds. Ce n’est pas tout: ce Marc habite une montagne située, d’après le texte de sa Vie, précisé- ment en Éthiopie. Il existe cependant quelques difficultés non négligeables: la Vie de ce S. Marc (ci-dessous VMT) est très peu connue maintenant en Éthiopie et ses date et milieu d’origine restent encore à établir. Dans les para- graphes qui suivent, nous essayerons de retracer le sort de la Vie éthiopienne de S. Marc et de placer l’origine de sa légende hagiographique dans le milieu commun des relations religieuses entre Constantinople et Aksoum. 2. Le dossier hagiographique de S. Marc de Tharmaqa La Vie complète de S. Marc de Tharmaqa était un sujet d’attention des orientalistes depuis longtemps, vu sa représentation massive dans les tradi- tions en langues syriaque et arabe. Les versions (ou peut-être la version) arabes, quoique pas encore étudiées — en fait, pas même éditées, — sem- blent toutes avoir été traduites du syriaque. D’ailleurs, il existe une traduc- tion française de la version arabe, faite à partir d’un manuscrit égyptien. Il n’y a aucune trace de ce S. Marc dans l’hagiographie en langue copte. On ne trouve pas de notice au sujet de S. Marc dans le Synaxaire copte en arabe, malgré le fait que la Vie arabe se réclame de 21 Barmdah (16 avril). Editio princeps: V. SCHEIL, «La Mort de Mar Marcos, ou Dernière Entrevue de Mar Marcos et de Mar Sérapion», Zeitschrift für Assyriologie 12 (1897), 162–170; édition critique, avec une traduction anglaise et une étude de A. E. LOOK, The History of Abba Marcus of Mount Tharmaka. A Dissertation presented to the Faculty of the Graduate School of Yale University, in Candidacy for the degree of Doctor of Philo- sophy (Oxford, 1929) (une brochure de xxvii + 23 pages, relativement difficile à trouver). Sur le dossier arabe, on ne pourra consulter que G. GRAF, Geschichte der christ- lichen arabischen Literatur, Bd. I (Vatikan, 1944) (Studi e testi, 118), 536; Bd. II (Vatikan, 1947) (Studi e testi, 133), 505. Le R. P. M. van Esbroeck m’a dit que la Vie arabe est beaucoup plus répandue dans les manuscrits. É. AMÉLINEAU, Contes et romans de l’Égypte chrétienne, T. II (Paris, 1888), 55– 73: «Histoire de Marc le Solitaire». Le nom de la montagne dans le manuscrit est corrompu en «Barmak», une faute habituelle dans la graphie arabe, bien saisie par le traducteur (p. 57, n. 1). Comme l’a noté Mgr Sauget dans sa revue du dossier de S. Marc que nous essayons de compléter ici: J.-M. SAUGET, «Marco di Atene, eremita sul monte Tarmaqa, santo», dans: Bibliotheca Sanctorum, T. VIII (Roma, 1967), col. 701–703, spéc. 702. B. Lourie Du coté grec, nous avons la même Vie complète de S. Marc (BHG 1039– 11 12 1041) ainsi que sa version slavonne. L’édition critique de la Vie grecque est préfacée par une courte étude, malheureusement entreprise sans connais- sance quelconque de la partie orientale du dossier. L’auteur est loin de poser la question d’une possible correspondance entre les toponymes de «Thrace» et de «Tharmaqa» ou celle du syriaque comme une possible langue de l’ori- ginal (l’opinion jamais prouvée, mais plusieurs fois proposée par les orien- talistes). Au lieu de tout cela, l’auteur nous propose de ranger la légende de S. Marc parmi les légendes hagiographiques engendrées par la lutte des or- thodoxes contre les iconoclastes au VIII siècle — sans avoir indiqué, dans notre légende, un seul trait spécifique aux légendes allégoriques de cette pé- riode. On verra plus loin que le culte byzantin de S. Marc ait été bien établi vers la fin du VIII siècle, ce qui suffit à exclure une date aussi basse pour la composition de sa Vie grecque. Aux côtés des Vies, nous avons des mentions de S. Marc dans les calend- 14 15 riers des traditions grecque et syrienne occidentale (monophysite). Et, enfin, il y a une notice dans le Synaxaire éthiopien qui n’a pas été puisée dans son modèle copto-arabe. Cette notice-là fera bientôt l’objet de notre attention spéciale. Editio princeps de la recension BHG 1039 par le Père Daniel Papebroch dans me les Acta Sanctorum Martii III (Anvers, 1668), 40*–43* (sous le 5 mars); 3 éd. (Pa- ris, 1865) *33–*35; aujourd’hui accessible dans l’édition critique de Christine Angé- lidi ( 8 [1989], 33–59). Je remercie M. Cyrille Khroustalev pour m’aider d’ob- tenir la publication d’Angélidi. '45")6'#' 5 )!!"7%'(8% !' %958%%:)'4;7! <!!# # ')'4*=>?@ A7)A+B310,9C@DCE 0F0+. cols. 2484–2496; l’édition de la version slavonne, dont le sens est parfois obscur, s’est toujours appuyée sur l’original grec publié par D. Papebroch. On dev- rait en outre se questionner à propos d’une version géorgienne. « »,p. 39. Les légendes hagiographiques symboliques et allé- goriques existaient à toutes les époques. C’est pourquoi Ch. Angélidi, après la lecture d’un article unique d’Ihor Ševenko «Hagiography of the Iconoclast Period» ne sau- rait que profiter de celle du livre du P. Hippolyte DELEHAYE, Les passions des martyrs et les genres littéraires. Deuxième édition, revue et corrigée (Bruxelles, 1966) (Sub- sidia hagiographica, 13 B). Dans le Synaxaire de Constantinople sous la date du 5 mars, ce qui garantit e e l’acceptation du culte au niveau officiel vers le IX ou X siècle. H. DELEHAYE, Sy- naxarium Ecclesiae Constantinopolitanae (Bruxelles, 1902) (Propylaeum ad Acta Sanctorum mensis Novembris), 509*–510*. Sous la date du 20 ayyar (mai): P. PEETERS, «Le Martyrologe de Rabban Sliba», Analecta Bollandiana 27 (1908), 129–200, p. 153.20: «et Marc Trmqy’». Ce martyrologe jacobite subsiste dans un manuscrit du XIV siècle. Scrinium I (2005). Varia Aethiopica Il y a, en outre, une autre pièce encore, qui n’existe que dans le dossier syriaque, qui nous permit de mieux saisir l’importance du culte de S. Marc chez les monophysites syriens. C’est une «Révélation de Abba Marc de la Montagne de Tarmaq que Dieu lui montra au sujet des âmes des hommes» subsistante dans un unique manuscrit du XIV siècle où elle fait suite au récit classique de Macaire (le Grand ou d’Alexandrie) de contenu similaire, très répandu dans les recensions grecques et orientales. Nous n’avons aucun indice permettant d’attribuer cette Révélation de S. Marc à une tradition égyp- tienne (contrairement à l’opinion d’A. van Lantschoot, exposée sans preuves basées sur les traditions manuscrite ou hagiographique ). Ce qui est certain, c’est qu’elle est un témoin en soi de la vénération dont jouissait S. Marc chez les monophysites syriens d’autrefois: placé au même niveau que S. Macaire, au même titre que les Pères fondateurs du monachisme. Ce dossier, duquel nous avons provisoirement exclu sa partie éthiopienne, nous fait voir le culte de S. Marc répandu seulement chez les Byzantins et les Syriens monophysites, sans aucune trace d’une tradition égyptienne copte. Les manuscrits copto-arabes, en absence des témoins en copte, ne prouvent que le fait d’acceptation du culte par l’Église copte tardive, alignée sur la e 19 tradition syrienne jacobite (avec certitude, dès le XIII siècle, à partir de l’époque de composition du Synaxaire copte en arabe, celui qui ne fait pas mention de S. Marc de Tharmaqa). Cela nous fait penser à l’époque du VII siècle (l’union monothélite entre l’Église de Constantinople et une partie des monophysites modérés, les jacobites, tout d’abord de la Syrie Occidentale, lorsque des liens vivants entre les traditions hagiographiques byzantine et syro-occidentale encore existaient) comme à un terminus ante quem pour la naissance du culte de S. Marc. Mais ce terminus demeure à être précisé da- vantage. 3. Vie de Gregoire díAgrigente par Leonce de Rome: une œuvre posterieure dans le meme sillage L’hagiographie byzantine nous fournit une source qui nous aidera de pré- ciser le milieu d’origine de VMT. Il s’agit d’un roman hagiographique portant sur un personnage de la fin du VI siècle, S. Grégoire, l’évêque d’Agrigente A. VAN LANTSCHOOT, «Révélations de Macaire et de Marc de Tarmaq sur le sort de l’âme après la mort», Le Muséon 63 (1950) 159–189. VAN LANTSCHOOT, «Révélations», 161. On notera que l’hypothèse de Baumstark sur l’attribution à notre Marc des mmr d’un autre Marc, l’auteur ascétique du V siècle, est maintenant intenable. Cf.: A. BAUMSTARK, Geschichte der syrischen Literatur mit Ausschluß der christlich- palästinensischen Texte (Bonn, 1922), 348, Anm. 16 (pour la p. 91). C’est-à-dire après le déclin de l’influence arménienne. B. Lourie en Sicile. Sa Vie, écrite en grec par un Léonce, presbytère de Rome, est da- table de 750 environ à 820. La Vie par Léonce est à peu près un roman hagiographique, un similaire aux «Passions épiques» d’après la classification du P. Delehaye. Parmi les nombreux épisodes légendaires, on retrouve notamment le pé- lerinage du héros en compagnie des moines, le plus âgé répondant au nom de Marc et un des ses disciples portant celui de Sérapion. Comme on a bien saisi, la paire Marc et Sérapion a son origine dans notre VMT (où Sérapion est le nom du narrateur qui rencontre S. Marc). Cela indique que VMT est devenue une œuvre classique vers la période entre 750 et 830, ce qui nous amène au début du VIII siècle (plus probablement, au VIIe siècle) comme au terminus ante quem pour la composition de VMT elle-même. La figure de S. Grégoire d’Agrigente est encore plus étroitement liée à l’Éthiopie. Sa Vie — et plus particulièrement son titre («d’Agrigente») — ont contribué à l’image de S. Grigéntios des Omérites, héros d’un autre roman hagiographique sur un personnage (plus ou moins historique) du VI siècle. Son étrange nom Grigéntios dériverait d’«Agrigente». Ce Grigéntios se ré- clame d’un évêque-missionaire à Himyar immédiatement après la guerre en- tre Éthiopie et l’état juif de Du-Nuwas en 520s. VMT est donc utilisée dans une Vie qu’on lisait dans le contexte de l’hagio- graphie connexe aux martyrs de Nagran. En soi, cela ne prouve rien, mais pourrait néanmoins être de valeur dans une argumentation cumulative visant à replacer VMT parmi les traditions hagiographiques byzantines du VI siècle, époque où les relations entre Byzance et Aksoum étaient encore étroites. 4. Le Synaxaire ethiopien et le culte syrien Tournons-nous à présent vers le Synaxaire éthiopien, en date du 29 sané (23 juin). Il est important de distinguer entre les deux pièces que nous y rencon- trons, le salm (une pièce poétique de quelques lignes) et la Vie courte (noti- ce synaxairienne elle-même). D’après une étude récente, «...jeder Zeit zwischen etwa 750 und kurz vor 830»; A. BERGER, Leontios Presbyteros von Rom, Das Leben des Heiligen Gregorios von Agrigent. Kritische Ausgabe, Übersetzung und Kommentar (Berlin, 1995) (Berliner byzantinistische Arbeiten, 60), 48. Cf. BERGER, Leontios Presbyteros von Rom, Das Leben des Heiligen Gregorios von Agrigent, les commentaires, pp. 351–352 (et pp. 158–159 pour le texte). BERGER, Leontios Presbyteros von Rom, Das Leben des Heiligen Gregorios von Agrigent, 73–75, et maintenant A. BERGER, «Das Dossier des heiligen Gregen- tios, ein Werk der Makedonenzeit», 22 (2001), 53–65. I. GUIDI, Le Synaxaire éthiopien. Le mois de Sanê, Hamlê et Nahasê, I: Mois de Sanê (Paris, 1906) (PO 1, fasc. 5), 696–697. Scrinium I (2005). Varia Aethiopica Le se lit, en paraphrasant des épisodes remarquables de VMT:«Sa- lut à Marc! Lorsque son temps fut terminé, alors que Sérapion était à Dabra ( ), annonçant le saint évangile de Matthieu quand la langue de l’ange du ciel dit: ‘Debout, écoutez’, son corps s’éleva de 20 cou- dées». Cette pièce d’origine éthiopienne est précieuse parce qu’elle est un témoin de la connaissance de VMT en Éthiopie, donc, de la connaissance de sa version éthiopienne. D’après la Vie courte, Marc est un «roi de Rome» qui, après 5 ans du règne, est devenu forcé de se marier. N’ayant aucune envie de laisser sa vie d’ascète, il «se tint devant l’image de Notre Dame… Puis il alla, traversant sans bateau la mer de Jéricho et arriva au Dabra dans un lieu aride; il passa dans la vie d’ascète… 60 ans. À sa mort, les anges l’ensevelirent avec gloire…». La fin de cette Vie provient de notre VMT, mais le début, un récit d’un roi de Rome très pieux qui a préféré la gloire dans les cieux à la gloire terrestre, provient d’une autre source. Le vrai nom de ce roi est Maurice (582–602). Les légendes de Maurice sont connues dans un «extraordinary number of transformations» dans la Byzance du VII siècle. Le texte le plus proche du 26 27 nôtre ne subsiste qu’en syriaque, dans une recension jacobite, mais tra- duite du grec . Notre «roi Marc» est situé devant le choix entre la sainteté et la vie d’un homme ordinaire, comme Maurice dans le texte syriaque, mais pas comme Maurice dans le reste des légendes byzantines (où il est un pé- cheur repenti qui doit choisir entre l’enfer et le royaume de ciel). D’ailleurs, comme Maurice dans une partie des traditions byzantines connues depuis la moitié du VII siècle, le roi Marc prit sa décision après la prière devant une Un signe d’interrogation posé ici par Guidi (qui n’a pas connu VMT) doit être supprimé. 25 e J. WORTLEY, «The Legend of the Emperor Maurice», dans: Actes du XV Con- grès international d’études Byzantines, vol. 4 (Athènes, 1980), 382–391, spec. 382; voir, pour la filiation des légendes, l’article tout entier. F. NAU, Les legendes syriaques d’Aaron de Saroug, de Maxime et Domèce, d’Abraham, maître de Barsoma et de l’Empereur Maurice. Texte syriaque édité et traduit (Paris, 1910) (PO 5, fasc. 2), 773–778. Chez WORTLEY, par erreur, «possibly Nestorian» («The Legend of the Emperor Maurice», 387). En fait, NAU était perplexe, pourquoi les jacobites vénèrent un em- pereur chalcédonien («Les legendes syriaques», 773). Mais il faut tenir compte de l’union monothélite existante dans le VII siècle. P. SCHREINER, «Der brennende Kaiser. Zur Schaffung eines positiven und eines negativen Kaiserbildes in den Legenden um Maurikios», dans: Byzance et ses voi- sins. Mélanges à la mémoire de Gyula Moravcsik à l’occasion du centième anniver- saire de sa naissance. Rédigé par Th. Olajos (Szeged, 1994) (Acta Universitatis de Attila József nominate. Opuscula byzantina, IX), 25–31. WORTLEY, «The Legend of the Emperor Maurice», 384. B. Lourie icône (celle de Notre Dame, au lieu de celle du Sauveur de Chalki dans les récites byzantins), tandis que Maurice de la recension syriaque reçut deux visites d’un ange. Enfin, dans un récit grec de Sinaï, on a dit de l’unique fils survivant de Maurice (personnage connu par des autres légendes byzantines) qu’il est devenu le moine à Sinaï. Dans notre texte éthiopien, ce n’est pas un fils, mais l’empereur lui-même qui est devenu le moine. Nous sommes en présence d’un culte de Maurice, né à Byzance mais mieux préservé chez les jacobites syriens. Notre notice éthiopienne n’est qu’un amalgame de deux légendes, celle de Maurice et celle de Marc de Tharmaqa. Un amalgame de la sorte ne serait point possible en dehors d’un milieu arabophone, où les noms de Marc ( Mrqus) et Maurice ( Mawri- qyus) ne diffèrent guère graphiquement. On a naturellement à postuler un original arabe pour notre Vie courte éthiopienne provenant d’un milieu syro- jacobite où le culte correspondant de Maurice a subsisté plus longtemps qu’à Byzance. D’ailleurs, notre notice appartient aux matériaux qu’on a placés dans le Synaxare éthiopien vers le fin du XVI siècle, l’époque de la prédominance des Syriens arabophones dans la culture ecclésiastique des jacobites de l’Égipte. Nous avons à tirer de cette discussion un nouvel indice de l’importance du culte de S. Marc chez les Syriens jacobites. 5. VMT en ethiopien et le culte en Ethiopie L’unique manuscrit de la version éthiopienne de VMT a été trouvé tout récemment par Alessandro Bausi. C’est le manuscrit éthiopien EMML 7602, e ra vc XIV siècle, fols. 2 –6 , non décrit dans le catalogue de la EMML qui s’arrê- te après le numéro 5000. Sans trancher tout le corpus de l’hagiographie éthiopienne, nous fourni- rons quelques références à S. Marc. Dans une prière incluse dans la Vie de S. Aaron, on voit S. Marc entre les Pères monastiques byzantins, égyptiens et éthiopiens: «Marc deTormq». L’édition du texte grec est en préparation par B. Flusin et A. Bingelli. Trad. française: F. NAU, Les récits inédits du Moine Anastase (Paris, 1902) (extrait du Re- vue de l’Institut Catholique de Paris [1902], nos. 1–2), 30–31. Alessandro Bausi m’a surprit par une nouvelle de l’existence de ce manuscrit th lors de ma communication à la 15 International Conference of Ethiopian Studies (Hamburg, 21–25 July 2003) dans laquelle j’essayais de prouver l’existence, au moyen âge, d’une version éthiopienne de VMT, que je tenais pour perdue. Je le remercie de tout mon cœur. B. TURAIEV, Vitae Sanctorum indigenarum. II. Acta S. Aaronis et Philippi. (Lou- vain 1961 [repr. de l’éd. de 1908]) (CSCO 30–31 / SAe 13–14), 157 (texte), 141 (tr. latine). Scrinium I (2005). Varia Aethiopica Il y a encore une mention de notre Marc dans la Vie de Yfqerana Egzi . Après un épisode de la visite auprès du saint de Gabra Qirqos de l’île Kobr qui servit la messe chez lui, son hagiographe ajoute: «Et cela est pareil à ce qu’on rapporte de l’Abbas Marc de ). Enfin, dans la (§§ 116 et 524), parmi les louanges adres- sées au héros de la Vie, on le compare avec d’autres saints, y compris S. Marc «de ». Dans le § 524 de cette Vie notre Marc est mentionné à titre d’un «vera- mente ripudiatore del regno» (tr. de Bausi), c’est qui fait référence à la Vie de S. Marc dans la recension courte du Synaxaire. On voit donc que notre toponyme énigmatique avait sa tradition de la vo- calisation bien établie. 6. Syriaque ou grecque, Tharmaqa ou Thrace? Dans le contexte de l’histoire du culte, déjà quelque peu établie, il sera plus commode de discuter des problèmes philologiques, tout d’abord celui de langue de l’original. «Tharmaqa» (syriaque transposé aux recensions arabes et éthiopiennes), comme une lectio difficilior, semble a priori plus convenable que «Thrace» pour être originale. Mais personne ne sait où est-elle située, cette «Montagne de Tharmaqa». Heureusement, la situation de «Thrace» n’est pas beaucoup mieux: d’après VMT dans toutes les versions, la montagne en question, soit- elle de Tharmaqa ou de Thrace, se trouve en «Éthiopie». Tous les auteurs modernes étaient convaincus que la localité de la mon- tagne de S. Marc est un lieu mythique. Cette montagne de S. Marc, est-elle vraiment aussi imaginaire qu’on le pense? I. WAJNBERG, Das Leben des Hl. . Äthiopischer Text, hrsg. und übersetzt (Rome, 1936) (OCA 106) 24. A. BAUSI, (Louvain, 2003) (CSCO 595– 596 / SAe 105–106) 48 et 200 (texte), 29 et 115 (tr. italienne). La référence est indi- quée par A. Bausi. La localité Dabra Torm n’est mentionnée que dans le § 116. Je remercie A. Bausi pour me faire connaître ces références. Cf. LOOK, «The History of Abba Marcus», vii, xiv. D’après Paperbroch, son nom est un nom corrompu de (une montagne et un désert en Libye), d’après Look, c’est une corruption d’une translittération grecque du syriaque (d’ailleurs attestée nulle part dans les textes grecs quelconques!). Enfin, d’après Angélidi, la Thrace est bien Thrace, mais, cette fois, c’est une localité réelle en Libye connue par l’unique mention en latin dans le Martyrologe de Jérôme comme l’endroit du martyre d’Eugène et Macaire sous Julien («in Tracia civitate Gildoba»). Toutefois, la Passion grecque de ces mêmes martyrs mentionne à cette place une autre ville, . L’unique mention dans une source B. Lourie Le toponyme syriaque Tharmaqa est connu d’ailleurs, quoique dans une forme indirecte d’un ethnonyme Tharm! ( ), dans le Roman sy- rien d’Alexandre composé comme une œuvre de l’idéologie officielle dans les dernières années d’Héraclius (630s), simultanément avec la proclama- tion de l’union monothélite. Ici, il replace l’ethnonyme «thraciens» d’une manière on ne peut plus évidente. Rapportons à la traduction de Budge: «Then Alexander… said to Macedonians, “To you I speak, ye inhabitants of the land, Macedonians, Thracians ( Tharme!), Greeks, Thessalo- nians, and peoples of every race…”». Pour l’auteur syrien du roman le toponyme Tharmaqa était un équivalent familier de «Thrace». Il connaissait mieux — ou dans la réalité ou dans la tradition littéraire, cela est sans importance — Tharmaqa que cette Thrace près de Constantinople. En outre, il savait que sa Tharmaqa portait le nom de «Thrace» en grec. Il s’agit donc d’un cas particulier de l’application du nom «Thrace» à une localité en dehors de la Thessalie, distincte de «Tracia» latine en Libye et de «Thrace» dans les montagnes de Caucase, mentionnée dans certaines sour- e e ces coptes des VI et VII siècles. Nous allons nous préoccuper de la loca- lisation de notre Thrace-Tharmaqa, mais, pour le moment, notons qu’à l’épo- que, le nom de Thrace pouvait être appliqué à une localité éloignée et sémi- légendaire. En grec, cette «Thrace» en Ethiopie est un hapax legomenon. En syria- que, cette Tharmaqa est connue, du moins, d’une source contemporaine à VMT où elle est un équivalent à la «Thrace» grecque. Cela nous fait opter latine du V siècle d’une localité connue en grec sous un autre nom ne saurait point être suffisante pour faire ce nom «Tracia» attractif pour, ou, du moins, connu à l’ha- giographe grec ou syrien qui travaillait 200 ou 300 années plus tard. Angélidi se réfère ici (« », 37–38), en outre, à une considé- ration géographique: la montagne doit être située près d’une mer et précédée d’un très long chemin d’Alexandrie à travers un désert. Mais il est clair (cf. ci-dessous), même pour Angélidi, que la mer dans VMT est la Mer Rouge. Donc, aucun lien actuel entre le Martyre d’Eugène et Macaire et VMT n’a été démontré. E. A. W. BUDGE, The History of Alexander the Great being the Syriac Version, edited from five manuscripts, of the Pseudo-Callisthenes with an English transla- tion… (Cambridge, 1889) [repr.: Amsterdam, 1976], 60 (texte), 33 (tr.). G. J. REININK, «Die Entstehung der syrischen Alexanderlegende als politisch- religiöse Propagandaschrift für Herakleios’ Kirchenpolitik», dans: C. Laga, J. A. Mu- nitiz, L. van Rompay (eds.) After Chalcedon. Studies in Theology and Church Histo- ry (Leuven, 1985) (OLA 18), 263–281. BUDGE, The History of Alexander the Great, 33 et note 1. Sur la littérature copte qui fait mention d’une «Thrace» de Caucase, v., par exemple, P. DEVOS, «De nouveau sur “Chrysostome et Chalkèdôn”», Analecta Bol- landiana 113 (1995), 107–114. À vrai dire, l’histoire du toponyme «Thrace» dans l’antiquité et le moyen âge vaudrait une monographie spéciale. Scrinium I (2005). Varia Aethiopica pour «Tharmaqa» comme le toponyme original et pour le syriaque comme la langue de l’original de VMT. Les traductions du syriaque au grec au VII siècle (ou au début du VIII ) sont parfaitement possibles: le cas le plus célè- bre est celui de la Révélation de pseudo-Méthode d’Olympe (composée en syriaque en 790s, traduite en grec quelques décennies plus tard). 7. Geographie de VMT La montagne Tharmaqa est située au bord de la «mer de Chéttites» ( , , !"#; S. Marc buvait de l’eau de mer. Il s’agit de la Mer Rouge, comme l’a bien observé Angélidi, tout en indiquant qu’à l’époque du christianisme antique, on nommait des «Chéttites» les habitants de la pénin- sule Arabique, c’est-à-dire, des Himyarites. On y accède en traversant un grand désert, ce qui correspond à la géogra- phie de l’Égypte et de Soudan, bien qu’on puisse, comme l’a dit un marchand interrogé par le moine Sérapion, y parvenir assez vite par eau. Cela indique à un point à la côte montagneuse de la Mer Rouge au sud de Soudan, donc, en Érythrée contemporaine. En effet, cela correspond à la localisation «après ( , $%&" ) la mer des Chéttites» dans VMT. Il y a encore un indice précieux qui ajoute de la véracité à la description géographique toute entière. Après un long chemin dans le désert, Sérapion se revigore d’«un légume qui s’appelle acacia ( , en grec «racine de l’acacia de désert» '"#())». Il s’agit de l’Acacia vera ou Acacia arabica, «gomme arabique», dont l’effet d’un médecine universel et d’un nutriment est connu depuis l’antiquité, spécialement dans la région aride aux deux cotés de la Mer Rouge. La durée du trajet permettrait de préciser davantage, mais Angélidi consi- dère avec raison que celui — de quarante jours — rapporté dans la version grecque n’a qu’une valeur symbolique, sans rapport avec la réalité. Il est en tout autrement avec le texte syriaque. Le chemin d’Alexandrie à Tharmaqa se divise aux parts suivantes: Alexand- rie — arrêt au désert à cause de l’épuisement après 40 jours de route (épisode avec l’acacia; dans le texte grec, après 20 jours); encore 7 journées de route dans le désert jusqu’à la montagne (idem dans le grec); 3 jours de l’ascension à la montagne (en grec le temps n’est pas spécifié; on a l’impression qu’elle Dans un des mss: «des Éthiopiens». « », 38–39. Corrompu dans le grec: $%&")*!"# dans le titre, mais "+ ,&+%$-"./0/110)*!"# dans le lieu correspondant (p. 46, lignes 32–33). Cf., par exemple, un article «Acacia Flowers and Gum» dans la Herb & Sup- plement Encyclopedia: http://www.florahealth.com/flora/home/USA/HealthInforma- tion/encyclopedias/AcaciaFlowers.asp. B. Lourie s’est accomplie dans une journée); 7 journées de route sur le col de la mon- tagne jusqu’à l’endroit où demeurait S. Marc, au bord de la mer (idem dans le grec; avec 4 journées (en syriaque, 12) du chemin à l’Alexandrie, on arrive à un total de 39 jours, ce qui suppose la rencontre avec S. Marc au 40 (en syriaque, au 70 ). Cosmas Indicopleustès nous informe, au début du VI siècle, que la route de l’Alexandrie à l’Aksoum occupe 60 journées. On doit donc localiser notre montagne, éloignée de l’Alexandrie de 57 journées, sur la latitude d’Aksoum, plus ou moins, mais au bord de la mer. On aurait raison de nommer une pa- reille place, comme le fait VMT, «en entrée de l’Éthiopie» ( !"# ). 8. Conclusions La Vie d’un saint qui le présente comme le contemporain (pour ne pas dire, l’avatar), de S. Paul de Thèbes , reste toutefois une source historique de grande valeur. Elle reflète très bien des détails de la colonisation monasti- e e que de l’Empire d’Aksoum aux VI et VII siècles, y compris aussi impor- tants que l’origine byzantine des certains moines (S. Marc «diplômé», d’après la légende, de l’école philosophique d’Athènes) et leurs connexions syriennes. Tout cela s’accorde très bien à l’époque des liens étroits entre Constanti- e e nople et Aksoum (dès le début du VI siècle jusqu’au début du VII siècle), souvent avec une médiation syrienne, et des «Pères syriens» qui ont été les fondateurs du monachisme éthiopien. Enfin, les «proto-malk » dans VMT, plus élaborées que dans la Vie plus ancienne de S. Alypius Stylite, représentent des spécimens d’un style poéti- que disparu assez rapidement chez les Grecs et les Syriens, mais qui a appor- té le fructum multum (Jn 15:5) sur le terrain éthiopien. Addenda 1. Sur le ms éthiopien contenant une copie unique de VMT, voir main- tenant (sans toutefois une mention de VMT): G. FIACCADORI, «Aethiopica minima», Quaderni Utinensi VII (13/14) (1989) [publ. 1993] (Percorsi filoso- fici. Immagini e documenti. Biblioteconomia e bibliografia. Res orientales) W. WOLSKA-CONUS, Cosmas Indicopleustès, Topographie chrétienne. Introduc- tion, traduction et notes. T. I (Paris, 1968) (Sources chrétiennes, 141) 356/357 (grec / français). Le grec étant moins précis: «dans les limites de l’Éthiopie» (v. citation dans la note 42). P. P[EETERS], [revue de] B. Turaev, Analecta Bollandiana 26 (1907), 125–126, spéc. 126. Je remercie Mlle Hélène Bormotova (Montréal) pour ses efforts de corriger mon français. Scrinium I (2005). Varia Aethiopica 145–165, spéc. 150, 161–163 (IV. EMML 7602: il «Libro dei Santi» di Tullu Guddo). 2. Sur le problème d’origine des malk , on a publié une étude de GEZA- HEGN GETATCHEW, «Is Latin the Origin of the Mälkï’?», dans: Baye Yimam et al. (eds.), Ethiopian Studies at the End of the Second Millennium. Proceed- th ings of the XIV International Conference of Ethiopian Studies. November 6–11, 2000, Addis Ababa. Vol. 3 (Addis Ababa, 2003), 1936–1962, conte- nant une critique, un peu trop détaillée, de l’article de Kirsten Stoffregen- Pedersen (voir n. 3 ci-dessus), mais dédiée surtout à l’opinion propre de l’auteur sur la provenance des malke’e directement d’un livre biblique, le Cantique des Cantiques. Il est à noter qu’ici, il y a une faute méthodique. Au niveau littéraire, le Cantique n’est qu’un texte érotique où l’attention aux diverses parties du corps de l’objet d’une adoration sexuelle s’explique natu- rellement. Au niveau symbolique, où l’amante du Cantique se présente, par exemple, l’Église, les parties de son corps sont privées du sens physique. En deux cas, aucun lien avec les malk , dont l’idée centrale n’est qu’une expli- cation symbolique des parties du corps physiques (ou, s’il s’agit des êtres incorporels, des parties de leurs corps symboliques, mais considérés par ana- logie avec les corps physiques). C’est une attitude spécifique au culte des saints (et, plus précisément, au culte des reliques) et, donc, à l’hagiographie, dont les racines sont à chercher dans une tradition hagiographique. La nou- velle étude de Gezahegn Getatchew n’est en fait qu’une répétition légère- ment modifiée d’une thèse ancienne sur l’origine indigène des malk . SUMMARY The article focuses on possibly the earliest prototypes of the Ethiopian malk , th which are to be looked for in some Byzantine hagiographical works of the 6 and th 7 cent. In this respect, the most important source is the Vita of St. Mark of Thar- maqa, whose popularity was extremely high within both the Chalcedonian and Syro-Jacobite camps. Within the article, five aspects of the Vita are investigated: th 1) date, 7 cent.; 2) original language, Syriac; 3) St. Mark’s itinerary, from Alexan- dria through the desert and the mountain ridge up to a location on the Read Sea coast near the latitude of Aksum; 4) the make-up of the Ethiopian «hagiographic dossier»: 4.1) Mark’s Ethiopic Vita is known from the unique copy, but it might have been widespread in the Middle Ages; 4.2) the reading in the Ethiopic Syna- xary (29 Säne) is an amalgam of two short hagiographies, those of Mark and of the Byzantine Emperor Mauricius, conflated somewhere within the Arabic-spe- aking Syrian Jacobite milieu; 5) historical background of the Vita, «monastic co- th th lonization» of the Aksumite kingdom in the 6 and 7 cent. by the Byzantine monks, including those of Syrian origin. Grâce à l’amabilité du M. Dénis Nosnitsin j’ai obtenu une possibilité de procu- rer quelques références davantage.
Scrinium – Brill
Published: Mar 30, 2005
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