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Y. Thomas, “Origine” et “commune patrie”, Etude de droit public romain (89 av. J.-C. –212 ap. J.-C.). (Collection de l'Ecole française de Rome, 221). Ecole française de Rome, (Rome) 1996. XV + 221 p.

Y. Thomas, “Origine” et “commune patrie”, Etude de droit public romain (89 av. J.-C. –212 ap.... 508 COMPTES RENDUS Y. T HOMAS , «Origine» et «commune patrie», Etude de droit public romain (89 av. J.-C. – 212 ap. J.-C.). [Collection de l’Ecole française de Rome, 221]. Ecole française de Rome, [Rome] 1996. XV + 221 p. Dans cet ouvrage, Yan Thomas a réuni le contenu de divers exposés, présentés entre 1888 et 1992, que leur sujet rapprochait, et en a fait la synthèse. Chacun contribuait à sa manière à l’analyse de l’appartenance administrative et de la citoyenneté à Rome. A sa suite, nous remonterons ainsi jusqu’aux mystères des origines, à Lavinium, où, pour tout dire, les Romains avaient gardé depuis le débarquement d’Enée, leurs attaches premières et profondes: ils y conservaient leurs lares. Réorganisé par Auguste, ce culte restera le symbole de l’attache des Romains et, au delà, de la citoyenneté romaine elle-même à l’origine géographique première: son prin- cipe aura cessé d’être en quoi que ce soit territorial pour devenir héréditaire; dès lors, pour la suite des temps, “les lieux sont des points d’ancrage dans la durée” (p. 132). On saisit bien là, à Lavinium, un corps politique parfaitement abstrait, dont les mem- bres sont domiciliés tout au travers du monde romain. Lavinium, lieu des primordia , présente ainsi un microcosme de la cité romaine en dehors de Rome: “Tout cet appareil d’institutions, tel un Etat au coeur de l’Etat, sert d’écrin aux pénates du Peuple Romain” (p. 179). La dédicace de cet ouvrage à la mémoire d’André Magdelain s’imposait, on le voit, tant on sent, chez M. Yan Thomas, le souffle proprement poétique que le maître regrétté savait faire passer dans l’érudition la plus rigoureuse. Sans doute découvre-t-on d’abord aux origines de Rome, succédant à un système d’attaches par la naissance et le sang, un système d’attaches à une circonscription ad- ministrative: tel aura été l’esprit de la réforme de Servius à Rome, comme elle avait été celui de la réforme de Clisthène en Grèce. Initialement fondé sur la résidence – on est du moins en droit de le supposer et c’est ce qui a d’abord frappé les esprits – ce lien est devenu, quand on peut vraiment le saisir, à son tour, purement et simplement héréditaire, et par conséquent, pour ce qui est de son caractère territorial, fictif. Cette appartenance à un lieu, où l’on n’est pas physiquement domicilié et où on n’ira peut-être jamais, telle est l’ Origo . Pour ce qui est du droit romain parvenu à sa maturité, celui dont nous pouvons le mieux parler, il conviendra donc de peser, dans l’acquisition de la citoyenneté romaine, les parts respectives et de l’origine géographique, vouée à devenir héréditaire, et finalement fictive, et de l’adhésion à la patrie commune. C’est après la guerre sociale, avec la loi Plautia Papiria, et la décentralisation du cens que la civitas romana sera clairement accordée, non pas concrêtement aux simples résidents des cités incorporés, mais bien, de manière générale et abstraite, à leurs seuls citoyens, où qu’en soit la résidence. Les citoyens non-résidents d’un municipe acquerront donc la citoyenneté romaine quand elle sera accordée à ce municipe. Corrélativement, il ne suffit évidemment plus d’habiter ce genre de municipe pour en acquérir et la citoyenneté et celle de Rome qu’elle entraine. Enfin, dès lors que la citoyenneté de certains municipes commandera l’accès à la citoyenneté romaine, ces municipes ne seront plus libres de l’accorder hors du contrôle de Rome. Citoyenneté municipale et citoyenneté Romaine ont ainsi à tous égards, partie liée. L’une étant héréditaire, l’autre le sera aussi. Et c’est tout un pan du droit successoral romain dont nous retrouvons alors la transposition en droit public. Partant du droit public, Monsieur Yan Thomas embrasse ainsi religion romaine et droit privé dans un même regard d’érudition humaniste. Une ample bibliographie réunit les ouvrages cités à la fin du travail, que conclut une précieuse table des textes mis à contribution. Grenoble Ph. Didier http://www.deepdyve.com/assets/images/DeepDyve-Logo-lg.png The Legal History Review / Tijdschrift voor Rechtsgeschiedenis / Revue d'Histoire du Droit Brill

Y. Thomas, “Origine” et “commune patrie”, Etude de droit public romain (89 av. J.-C. –212 ap. J.-C.). (Collection de l'Ecole française de Rome, 221). Ecole française de Rome, (Rome) 1996. XV + 221 p.

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Publisher
Brill
Copyright
© 1997 Koninklijke Brill NV, Leiden, The Netherlands
ISSN
0040-7585
eISSN
1571-8190
DOI
10.1163/15718199719682501
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Abstract

508 COMPTES RENDUS Y. T HOMAS , «Origine» et «commune patrie», Etude de droit public romain (89 av. J.-C. – 212 ap. J.-C.). [Collection de l’Ecole française de Rome, 221]. Ecole française de Rome, [Rome] 1996. XV + 221 p. Dans cet ouvrage, Yan Thomas a réuni le contenu de divers exposés, présentés entre 1888 et 1992, que leur sujet rapprochait, et en a fait la synthèse. Chacun contribuait à sa manière à l’analyse de l’appartenance administrative et de la citoyenneté à Rome. A sa suite, nous remonterons ainsi jusqu’aux mystères des origines, à Lavinium, où, pour tout dire, les Romains avaient gardé depuis le débarquement d’Enée, leurs attaches premières et profondes: ils y conservaient leurs lares. Réorganisé par Auguste, ce culte restera le symbole de l’attache des Romains et, au delà, de la citoyenneté romaine elle-même à l’origine géographique première: son prin- cipe aura cessé d’être en quoi que ce soit territorial pour devenir héréditaire; dès lors, pour la suite des temps, “les lieux sont des points d’ancrage dans la durée” (p. 132). On saisit bien là, à Lavinium, un corps politique parfaitement abstrait, dont les mem- bres sont domiciliés tout au travers du monde romain. Lavinium, lieu des primordia , présente ainsi un microcosme de la cité romaine en dehors de Rome: “Tout cet appareil d’institutions, tel un Etat au coeur de l’Etat, sert d’écrin aux pénates du Peuple Romain” (p. 179). La dédicace de cet ouvrage à la mémoire d’André Magdelain s’imposait, on le voit, tant on sent, chez M. Yan Thomas, le souffle proprement poétique que le maître regrétté savait faire passer dans l’érudition la plus rigoureuse. Sans doute découvre-t-on d’abord aux origines de Rome, succédant à un système d’attaches par la naissance et le sang, un système d’attaches à une circonscription ad- ministrative: tel aura été l’esprit de la réforme de Servius à Rome, comme elle avait été celui de la réforme de Clisthène en Grèce. Initialement fondé sur la résidence – on est du moins en droit de le supposer et c’est ce qui a d’abord frappé les esprits – ce lien est devenu, quand on peut vraiment le saisir, à son tour, purement et simplement héréditaire, et par conséquent, pour ce qui est de son caractère territorial, fictif. Cette appartenance à un lieu, où l’on n’est pas physiquement domicilié et où on n’ira peut-être jamais, telle est l’ Origo . Pour ce qui est du droit romain parvenu à sa maturité, celui dont nous pouvons le mieux parler, il conviendra donc de peser, dans l’acquisition de la citoyenneté romaine, les parts respectives et de l’origine géographique, vouée à devenir héréditaire, et finalement fictive, et de l’adhésion à la patrie commune. C’est après la guerre sociale, avec la loi Plautia Papiria, et la décentralisation du cens que la civitas romana sera clairement accordée, non pas concrêtement aux simples résidents des cités incorporés, mais bien, de manière générale et abstraite, à leurs seuls citoyens, où qu’en soit la résidence. Les citoyens non-résidents d’un municipe acquerront donc la citoyenneté romaine quand elle sera accordée à ce municipe. Corrélativement, il ne suffit évidemment plus d’habiter ce genre de municipe pour en acquérir et la citoyenneté et celle de Rome qu’elle entraine. Enfin, dès lors que la citoyenneté de certains municipes commandera l’accès à la citoyenneté romaine, ces municipes ne seront plus libres de l’accorder hors du contrôle de Rome. Citoyenneté municipale et citoyenneté Romaine ont ainsi à tous égards, partie liée. L’une étant héréditaire, l’autre le sera aussi. Et c’est tout un pan du droit successoral romain dont nous retrouvons alors la transposition en droit public. Partant du droit public, Monsieur Yan Thomas embrasse ainsi religion romaine et droit privé dans un même regard d’érudition humaniste. Une ample bibliographie réunit les ouvrages cités à la fin du travail, que conclut une précieuse table des textes mis à contribution. Grenoble Ph. Didier

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The Legal History Review / Tijdschrift voor Rechtsgeschiedenis / Revue d'Histoire du DroitBrill

Published: Jan 1, 1997

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